Lettre pastorale pour la Nativité du Seigneur


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Révérends Pères,

Frères et sœurs bien-aimés dans le Christ,

”Venez fêtons! Venez célébrons! Aujourd’hui l’antique lien est delié, le diable a eu honte et s’est enfui, la mort a été terrassée, le paradis s’est ouvert, la malédiction a été abolie, le péché a été chassé, la tromperie a été banie, la vérité est venue, la foi s’est répandue de toutes parts. La vie des habitants de la terre a été semée, les anges avec les hommes vivent ensemble, les hommes parlent sans crainte avec les anges, car Dieu est venu sur la terre et l’homme est monté au ciel. Tous les éléments se sont unies. Il est venu sur terre, demeurant entièrement dans les cieux. Etant Dieu Il S’est fait homme, sans cesser d’être Dieu; étant le Verbe impassible, Il S’est fait chair. Il s’est fait chair pour venir habiter parmi nous...” (Saint Jean Chrysostome, Homélie pour la Nativité de notre Sauveur Jésus Christ)

Avec ces paroles Saint Jean Chrysostome nous appelle depuis des siècles à la joie du Ciel et de la terre, que la Nativité du Fils de Dieu nous apporte à nouveau chaque année, génération après génération. Le Fils de Dieu Lui-même nous appelle à la fête de Son revêtement de notre nature souffrante, pour que nous soyons habillés de Sa Grâce divine salvatrice, née de sa nature divine. Le Fils de Dieu naît sur terre avec une nature humaine, pour que nous puissions naître des Cieux, comme fils adoptifs du Père Céleste. ”A moins de naître de nouveau, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. ” (Jean 3, 3) – dit le Seigneur à Nicodème dans l’Evangile selon Jean. Le Fils, Dieu selon la nature, naît dans la grotte de Bethléem et nous ouvre la porte du Ciel et de l’adoption par le Père Lui-même. Cela se produit avec chacun d’entre nous dans le Sacrement du saint Baptême. ” Nul, s’il ne naît d’eau et d’Esprit  – dit le Seigneur à Nicodème – ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.” (Jean 3, 5) Notre nature, mortelle et affaiblie par le péché, reçoit dans le Sacrement du saint Baptême le revêtement de la Grâce du Saint-Esprit, dans le Christ, Celui qui S’est revêtu en nous et qui nous revêt en Lui. Car, ”vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ.” (Galates 3, 27)

De l’eau du Baptême nous naissons comme d’un sein, la Grâce du Saint-Esprit faisant le Christ prendre Son Visage en nous et habiter en nous, et nous rendant christophores, c’est-à-dire porteurs du Christ. Dans le saint Sacrement du Baptême, non seulement le Christ va nous faire naître de nouveau, mais encore nous allons naître avec Lui, avec Lui dans nos cœurs. Grand est ce mystère de notre nouvelle naissance! Nous percevons mieux son sens maintenant que nous célébrons la Nativité du Fils de Dieu et nous comprenons pourquoi Saint Jean Chrysostome dit que le Christ est né sur terre pour nous faire naître au Ciel. Tel est le Baptême: notre naissance au ciel. C’est aussi l’insouciance envers la souffrance de la mort, car les portes du ciel se sont ouvertes par la Naissance de Dieu parmi nous, sur la terre. Les portes des Cieux se sont doublement ouvertes aujourd’hui, non seulement pour que le Seigneur descende Enfant dans la crèche solitaire, mais aussi pour que nous, devenant Ses enfants, nous sortions de la solitude de la mort vers les choses élevées vers lesquelles le Christ nous élève par Sa descente.

Miracle grand et béni que celui de la crèche de Bethléem! Ceux qui n’ont pas l’usage de la parole nous apprennent comment recevoir Celui qui vient transformer la malédiction de la mort en bénédiction, guérir la terre de la souffrance, changer la grotte froide et ténébreuse – image de l’entière création laissée dans la main de la créature, l’homme – en un ciel resplendissant de la lumière divine, faire croître dans le cœur de l’homme ravagé par les ténébres de la méconnaissance de Dieu et chassé par elle, le Paradis en parole, la fontaine de Grâce divine d’où se répand sur le monde l’Amour, Dieu Lui-même.

Frères et sœurs bien-aimés,

Ce n’est pas la grotte que le Christ voudrait changer en ciel, mais notre âme et notre personne toute entière. D’habitude nous sommes baptisés lorsque nous sommes enfants. Les parents sont ceux qui nous offrent à Dieu, à Celui qui nous a offert à eux, comme le don des dons, au dessus de tout don que l’homme aurait imaginé, pour nous recevoir et nous inscrire dans le Livre de Vie, et devenir Ses fils (cf. l’office du Baptême). C’est donc par la famille que Dieu nous appelle une seconde fois à la vie, par le Baptême. Dans notre famille nous apprenons le b.a.-ba de la foi, nous apprenons que nous sommes aussi les fils de Dieu, non seulement de la chair, c’est-à-dire de nos parents, mais que nous sommes offerts par Dieu aux parents qui nous ont mis au monde et qui nous ont élevés, pas seulement pour ce monde. La famille est pour nous le commencement du Paradis, le lieu où nous apprenons l’amour de Dieu répandu sur nous par l’amour paternel, le lieu où nous recevons les arrhes du Royaume des Cieux, pour lequel les parents nous ont baptisés, nous recevant à nouveau dans leurs bras, renés ”d’eau et de l’Esprit Saint”. Au Baptême nous sommes amenés, nous qui sommes terrestres, mais en retour les parents nous reçoivent célestes. Nous sommes amenés mortels, et nous retournons pleins de vie, la Vie-même habitant en nous. Nous sommes amenés avec l’héritage de la mort en nous, et nous sommes reçus en retour avec l’héritage de la vie, le Christ Lui-même, le Donateur-de-vie, faisant Son tabernacle en nous.

C’est dans ce sens que Dieu œuvre par le Baptême, pour nous restituer ce que nous avons perdu par le péché du commencement, et nous offrir en abondance – la vie. 

 

Fidèles bien-aimés,

Tout au long de l’année qui s’achève nous avons particulièrement approfondi le sens des saints Sacrements du Baptême et du Mariage. Nous voyons aujourd’hui quel rôle important joue la famille, fondée sur le roc de la foi, tant dans la vie de l’Eglise que dans la société dans laquelle nous vivons. Dans la famille, par l’Eglise, nous recevons la foi salvatrice. Mais nous voyons en même temps le peu que nous connaissons notre propre foi, et combien il est nécessaire de l’approfondir, afin de pouvoir la transmettre à notre tour aux générations à venir, surtout ici, à l’Ouest de l’Europe, où la foi baisse en intensité, le monde étant pleinement affairé des choses éphémères. Nous vivons dans une société qui fête la Nativité, mais Lui, Celui qui est célébré, n’est plus désiré. S’il y a deux mille ans il n’y eut qu’une grotte et une crèche pour Le recevoir, aujourd’hui ” pour Sa crèche à Lui, il n’y a pas de Bethléem au monde”, comme dit la chanson. Mais même le Christ Lui-même ne veut plus de celle-là, car c’est nos cœurs qu’Il désire et c’est après eux qu’Il languit. Soyons ainsi de vrais parents pour nos enfants et montrons-leur par nos paroles et par nos actes Celui qui peut changer le froid intérieur en chaleur céleste infinie, Celui qui peut changer la haine en amour, qui peut transformer le temps en éternité, qui peut changer les ténébres en lumière, qui peut faire d’un cœur endurci un cœur attendri, qui peut guérir les plaies secrètes, Celui qui peut m’aimer, moi qui L’aime si peu, Celui qui peut changer la mort en vie, qui peut faire de nos cœurs, par Sa Nativité, des cieux. 

Que Celui qui aujourd’hui vient au monde, le Christ Seigneur, nous bénisse et nous donne une Nouvelle Année 2012 pleine d’épanouissement et de joie.

† Le Métropolite Joseph

 
Paris, La Nativité du Seigneur 2011.

23 Décembre 2011

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