Lettre pastorale du Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine sur le premier dimanche du Carême de la Nativité du Seigneur 2024


Révérends Pères,

Chers Frères et Sœurs dans le Seigneur,

 

Le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine a proclamé l’année 2024, dans le Patriarcat roumain, Année consacrée à la sollicitude pastorale envers les malades et Année de commémoration de tous les saints guérisseurs et anargyres.

Le soin des malades est un commandement de l’Évangile et une condition du salut, l’un des critères essentiels sur lesquels Dieu nous jugera. Le Christ Seigneur nous demande de rendre visite à ceux qui sont dans la maladie et la souffrance, de les aider selon nos forces et de les encourager de bon cœur et avec l’espérance en la grande miséricorde et la puissance de Dieu.

Le Carême de Nativité, qui vient de commencer, nous apporte l’espérance et la joie de la venue au monde du Christ Sauveur, Enfant, Dieu et Homme, Celui-ci nous offre le modèle parfait de pureté et de prière de la Mère de Dieu, ainsi que « l’image de la douceur » : saint Nicolas, miséricordieux et dispensateur de dons.

 

L’homme s’est éloigné de Dieu, et Dieu s’approche de lui

 

Au début de la création, « Dieu regarda tout ce qu’Il avait fait, et voici que tout ce qu’Il avait fait était très bon » (Genèse 1, 31), mais plus tard, la désobéissance d’Adam et d’Ève au commandement divin a introduit la mort et la maladie dans le monde (Genèse 3, 16-19). L’homme, qui avait été créé dans le paradis à l’image de Dieu et avait été revêtu de toutes les vertus, ayant reçu de son Créateur tous les dons spirituels et matériels, a connu la douleur de la séparation de Dieu à la suite du péché. Ainsi, la première souffrance que l’homme a endurée a été celle de quitter la relation d’harmonie et de proximité avec Dieu et d’être banni du Paradis, où il vivait au milieu d’une création remplie de l’Esprit divin. Saint Grégoire de Nysse souligne cette vérité lorsqu’il affirme que « celui qui était fait pour l’immortalité a été défait par la mort, et celui qui se dépensait dans les délices du ciel a été déplacé vers ce lieu de maladie et de douleur » (Saint Grégoire de Nysse, Sur les béatitudes, Parole III, PSB vol. 29, EIBMBOR, Bucarest, 1982, p. 354).

La maladie, la souffrance et la mort n’ont donc pas été créées par Dieu : « Dieu n’a pas fait la mort et il ne se réjouit pas de la destruction des vivants [...], mais c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sagesse de Salomon 1, 13 ; 2, 24). La maladie et la souffrance sont des réalités qui soulignent la faiblesse et la fragilité de l’homme séparé ou éloigné de son Créateur par la désobéissance. C’est pourquoi, souvent dans les livres de l’Ancien Testament, lorsque la maladie, la souffrance et la mort sont mentionnées, l’espoir des gens est orienté vers Dieu et son aide. Le psalmiste David prie pour la guérison de ses infirmités : « Fais-moi miséricorde, Seigneur, je suis sans force, guéris-moi, Seigneur, mes os sont bouleversés » (Psaume 6, 2), et le psalmiste confirme également l’aide qu’il a reçue de Dieu: « Seigneur mon Dieu, j’ai crié vers Toi et Tu m’as guéri » (Psaume 29, 2). Dans le livre de la Sagesse de Jésus, fils de Sirach, il est recommandé que « dans ta maladie, ne sois pas désobéissant, mais prie le Seigneur et il te guérira » (Sagesse de Jésus Sirach 38, 9), car « il élève l’âme et éclaire les yeux, donnant guérison, vie et bénédiction » (Sagesse de Jésus Sirach 34, 19). L’exemple de Job, l’homme juste, nous apprend que « l’homme attire sur lui la souffrance » (Job 5, 7), mais aussi que « Dieu délivre l’affligé par son affliction, et par son affliction, Dieu l’instruit » (Job 36, 15). Dieu n’est donc pas le créateur de la souffrance. Il apporte cependant la guérison à l’homme affaibli par le péché, à qui il offre sa grâce pour lui permettre de supporter les épreuves de la vie. C’est pourquoi le psalmiste nous rappelle que « Des cœurs brisés le Seigneur est proche, il sauvera les humbles en esprit » (Psaume 33, 17).

 

La plus profonde des maladies est l’absence de communion avec Dieu.

 

Le fait que Dieu est le « Médecin des âmes et des corps » est particulièrement évident dans les évangiles. Ceux-ci décrivent l’action du Sauveur Jésus-Christ, qui « parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toutes les maladies et toutes les infirmités du peuple » (Matthieu 9, 35). Dans le Nouveau Testament, les malades demandent la guérison au Seigneur Jésus-Christ, et ses disciples guérissent aussi, mais avec le pouvoir qui leur est donné par Dieu. Le grand nombre de guérisons confirme la prédication du Sauveur et proclame la puissance et la présence compatissante de l’Homme-Dieu parmi les hommes. L’enseignement du Christ et ses guérisons sont toujours unis dans la forme la plus profonde, formant un seul message d’espoir et de salut. Les guérisons que le Seigneur Christ opère sont des signes de son amour miséricordieux indéfectible. Par ces guérisons, il montre que le Royaume de Dieu est proche des hommes et nous aide à comprendre que la vraie et profonde maladie de l’homme est l’absence de communion avec Dieu, la Source de l’amour. Seule la communion avec Dieu peut offrir une véritable guérison et une vie authentique.

L’événement central qui porte témoignage de l’amour miséricordieux et guérisseur de Dieu reste le sacrifice sur la croix du Sauveur Jésus-Christ. Par l’incarnation du Christ, Dieu a choisi de se faire homme et de partager les souffrances de l’humanité, jusqu’à sa mort sur la Croix. Il est celui dont le prophète Isaïe a dit : « Il a pris nos infirmités et porté nos maladies » (Matthieu 8, 17 ; Isaïe 53, 4). Par son obéissance jusqu’à la mort, le Christ Seigneur a guéri le péché de désobéissance des premiers parents Adam et Ève (cf. Philippiens 2, 8). La Croix du Christ est également le témoignage que Dieu est entré dans l’histoire humaine pour souffrir avec nous et nous sauver. Par sa mort et sa résurrection, le Christ donne un nouveau sens à la souffrance, qui n’est pas considérée comme une fin en soi, mais comme une réalité qui, bien que difficile et douloureuse, peut devenir un moyen de se nourrir, de mûrir spirituellement et de se rapprocher de Dieu. La résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts est la preuve de sa victoire sur le péché et sur la mort, et donc aussi sur la maladie et sur la souffrance (cf. Jean 11, 25). Si la mort est considérée comme une conséquence du péché, la résurrection est la restauration de la vie et la victoire sur la souffrance. La résurrection du Christ est le début d’une nouvelle création, dans laquelle la mort, la maladie et la souffrance n’ont plus de pouvoir sur le croyant. Bien que dans ce monde matériel, l’homme continue à connaître la maladie, la souffrance et la mort, la résurrection du Christ témoigne de la guérison complète de l’homme à la fin des temps. C’est pourquoi, dans l’Église, le Christ lui-même est le médicament, et la sainte Eucharistie est le remède pour la guérison de l'âme et du corps, pour le pardon des péchés et la vie éternelle (cf. Jean 6, 54).

Dans le monde, par l’action de l’Esprit-Saint, notamment à travers les saints mystères, les prêtres de l’Église poursuivent la mission à laquelle ils ont été envoyés par le Christ, en guérissant et en soulageant les souffrances d’innombrables malades. Outre la prière et l’encouragement, la pastorale de l’Église à l’égard des malades s’exerce également par le biais d’organisations sociales et philanthropiques.

 

L’Église prie pour la santé et le salut

 

La vie chrétienne vécue selon les ordonnances de l’Église est un moyen de nous préserver du péché, mais également de prévenir la maladie. La prière, le jeûne, la tempérance et l’aumône ne sont pas seulement des obligations morales du chrétien, mais également des méthodes et des remèdes par lesquels nous cultivons, avec l’aide de la grâce de Dieu, une vie physique et spirituelle saine.

L’Église prie pour la santé et le salut des personnes. Le saint confesseur Dumitru Stăniloae souligne que, par le saint mystère de l’Huile sainte, « la guérison du corps, le pardon des péchés et la purification de l’âme des péchés sont demandés ensemble. L’inhabitation de l’Esprit a avant tout pour but de purifier des péchés et de guérir des péchés de culpabilité et d’élever l’homme à une vie de sainteté, de pur service de Dieu » (Pr. Dumitru Stăniloae, Théologie dogmatique orthodoxe, vol. 3, dans coll. Opere complete, vol. XII, Ed. Basilica, Bucarest, 2018, p. 213).

En même temps, dans l’Église, les personnes malades et souffrantes reçoivent la protection et l’aide de la Mère de Dieu et de tous les saints. Les saints sont les médiateurs et les porteurs de la grâce divine, et par leur vie pleine de sainteté et de prière, ils deviennent les moyens par lesquels le Christ répand ses bénédictions sur les gens. Les saints n’agissent pas par leur propre force, mais par la force de Dieu qui agit à travers eux. C’est pourquoi les saints sont considérés comme des témoignages vivants de l’amour et de la miséricorde du Christ envers le monde.

En particulier, en ce qui concerne la maladie et la souffrance, l’Église se souvient et honore les saints Guérisseurs anargyres, connus pour leur don de guérir les malades par la puissance de la grâce de Dieu. Ils sont appelés « anargyres », « sans argent » parce qu’ils ne recevaient aucune récompense matérielle pour leurs services, et s’apparentaient ainsi aux Apôtres, qui ont transmis le message de l’Évangile et accompli des miracles sans rien demander en retour. Ces saints guérisseurs étaient des médecins ou des guérisseurs qui consacraient leur vie à la fois au service de leur prochain et au service de Dieu. Ils soignaient les corps et les âmes, cultivaient la foi en Dieu et transmettaient l’amour chrétien. Pour honorer ces merveilleux guérisseurs, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine a proclamé l’année 2024 Année de commémoration de tous les saints guérisseurs et anargyres.

Le premier médecin de l’Église apostolique mentionné par saint Paul dans ses épîtres est « Luc, le médecin bien-aimé » (Colossiens 4, 14), c’est-à-dire saint apôtre et évangéliste Luc, auteur du troisième Évangile et du livre des Actes. Le livre des Actes nous parle également des saints apôtres Pierre et Paul, qui ont guéri des malades au nom du Christ (Actes 3, 6 ; 9, 34).

Au cours de cette même période du début du christianisme, une autre guérisseuse était sainte Thècle, la grande martyre Thècle, Égale-aux-Apôtres, qui était une des disciples de saint apôtre Paul.

 

Les saints guérisseurs offrent l’espoir et donnent la guérison

 

Les douze saints Thaumaturges anargyres, commémorés liturgiquement lors de la Proscomidie, datent également des quatre premiers siècles : Côme et Damien, Cyr et Jean, Pantéléimon et Hermolaüs, Samson et Diomède, Mocius et Anicet, Thallalée et Tryphon ainsi que d’autres saints guérisseurs des premiers siècles : saint Grégoire le Thaumaturge, le saint hiérarque Spyridon, le saint hiérarque Parthénios de Lampsakos, le saint hiérarque Mélèce, archevêque d’Antioche, ou d’autres grands saints thaumaturges plus récents, mais très aimés des fidèles, comme le saint hiérarque Nectaire d’Egine, le saint hiérarque Luc, archevêque de Crimée, saint Gérasime de Céphalonie ou le vénérable Nicéphore le Lépreux.

Tous ces saints guérisseurs de l’Église offrent l’espoir à ceux qui sont sans espoir, ils donnent la guérison là où les médecins ne peuvent pas guérir les malades. Les saints guérisseurs, en tant que membres du Corps mystique du Christ, font connaître au monde le Seigneur Jésus-Christ en tant que Grand Médecin, qui leur a également accordé le don de guérison, comme nous l’apprend l’hymnographie de l’Église: « Comment donc vous appeler? Médecins des âmes et des corps, traitant les douleurs incurables, guérissant tout le monde gratuitement par les charismes reçus du Christ Sauveur qui nous accorde la grâce du salut » (Vêpres 1er Novembre, Mémoire des saints anargyres Cosme et Damien).

Les guérisons miraculeuses accomplies par les saints sont des témoignages de la puissance divine, mais également des exhortations à la foi. Dans la plupart des cas, le Sauveur a guéri ceux qui sont venus à Lui avec foi. Dans ce contexte, les miracles accomplis par les saints sont un appel à renforcer la foi et à se rapprocher de Dieu. Les guérisons miraculeuses sont le signe que le Christ est à l’œuvre dans le monde et que l’Église est vivante, animée par la puissance de l’Esprit-Saint, le Salut étant la guérison la plus importante.

 

Le jeûne de la Nativité est l’occasion de faire grandir l’amour chrétien

 

Même si pendant toute l’année 2024, l’Église, à travers ses prêtres et diacres et ses fidèles laïcs, s’est efforcée d’apporter, plus que les années précédentes, soutien et soulagement à ceux qui sont sur le lit de la douleur et de l’impuissance, la période de jeûne qui vient, celle de la Nativité du Seigneur, est une bonne occasion de multiplier l’amour et la miséricorde chrétienne.

C’est pourquoi, cette année encore, nous adressons aux prêtres et aux fidèles laïcs de notre sainte Église notre paternelle invitation à organiser, dans les paroisses, les monastères, les doyennes et les centres épiscopaux, des collectes de nourriture, de vêtements et de médicaments. Ceux-ci seront distribués aux personnes souffrantes et démunies, aux familles défavorisées avec de nombreux enfants, aux personnes âgées et aux personnes seules sans enfants ni parents.

Confiants que vous continuerez à faire preuve de charité chrétienne cette année et que vous répondrez avec amour à notre appel paternel dans cette sainte œuvre de bienfaisance et d’aide, nous vous remercions pour votre générosité des années précédentes et nous vous rappelons les paroles du notre Seigneur Jésus-Christ : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Matthieu 5, 7).

Nous prions le très miséricordieux Dieu de bénir tous les Roumains, qui habite dans leur pays et à l’étranger, en leur accordant la santé et le salut, en les protégeant de tout mal et en les fortifiant dans toutes les bonnes œuvres, pour la joie de notre Église et du peuple roumain partout dans le monde. Avec une grande joie, nous vous embrassons paternellement et partageons avec vous la bénédiction apostolique : « Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous ». (2 Corinthiens 13, 13).

 

† DANIEL,

Archevêque de Bucarest, Métropolite de Muntenie et de Dobroudja,

Lieutenant du trône de Cézarée de Cappadoce et

Patriarche de l’Église Orthodoxe Roumaine

Avec tous les membres du Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine

Télécharger ICI la Lettre pastorale du Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Roumaine

16 Novembre 2024

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